C est parti pour un second semestre …
30 JuinLe trail du Pays Welche c’est quoi ?
27 JuinLe long ça continue…
23 Juin
Marathon du Vignoble, reçu 4/5
21 JuinMême pas fatigué…
18 JuinVCC le résumé
14 JuinVerdon Canyon Challenge 06/07 Juin 2009
Il m a fallu une bonne semaine de retour sur terre avant de m’assoir derrière un écran et commencer le récit de cette sacrée aventure de manière objective sans trop utiliser de superlatifs de type marseillais…
Néanmoins les termes grandiose, magnifique et infernal devraient rejaillir tout au long de ces lignes.
Réveil le vendredi 03 heures du mat en rassemblant les dernières affaires. Pas intérêt à avoir oublié quoique ce soit, du moins pas ce qui est obligatoire : un sifflet (euh pourquoi ???), une couverture de survie, le portable, l’Ign, mes ravitos, casquette (pour moi ce sera un buf), affaires de rechange, poche à eau, Bande strapping, Coupe vent.
Ok tout semble être là…c’est parti direction Colmar chercher mon Frérot qui m’accompagnera tout au long de cette aventure. Sympa !
En gros 9 heures de route à travers la Suisse Genève, les Alpes, (Grenoble, Gap), on passe devant l’Alpes d’Huez, le style devient méridional enfin nous voilà dans le Verdon. Punaise quel décor, Moustier un village accroché en flanc de montagne, Aiguines vraiment typique avec ses Artisans Santons, sa Laverie, ses rues carrelées, son château, sur les hauteurs du Lac de Sainte Croix, magnifique Lac avec une eau couleur verte !
Par contre le temps pas terrible, du vent, de la pluie par intermittence…mais dès que le soleil pointe c’est piquant ! Direction le gite et première frayeur, je ne sais pas si c est du à la fatigue ou à un début de sénilité, plus moyen de me rappeler le nom du gite. L’adresse que j avais imprimée s’avère erronée… Bref vite direction l’Office de Tourisme qui me donnera la liste de noms de gérant de gite…et ouf Albiani Patricia, oui c’est bien elle…
Déballage des affaires, moi je n y serai qu’une nuit, d’ailleurs courte, puisque le réveil sera re-prévu à 3 h du mat pour un pointage des coureurs à 4h puis le départ à 5 heures.
Prépa du sac qu’il faudra présenté prêt avec le matériel obligatoire à l’orga de la course pour le retrait du dossard. Très pro tout ça !
D’ailleurs je me sens tout petit lors de la pasta en discutant autour de moi avec des gars bien rodés affutés…des guerriers quoi… M’en fiche après tout ils pensent peut être la même chose de moi…Aux questions de temps visé, escompté, espéré, je réponds modestement : avant tout finir et dans les temps !
Nuit courte avec un réveil qui n’est pas sans me rappeler un réveil « La Rochellien » capable de réveiller tout un immeuble…déjà pas mal de Sms d’encouragements…Merci à tous !
Sympa aussi le petit déj concocté par nos hôtes malgré l’heure avancée ! En plus avec tout ce qu’il faut ! Ce coup ci j’évite le café, prends plutôt un thé avec tartines, derniers moments de confort…
4h10 sur place, enregistrement avec un « tac » électronique qui sera à passer devant une borne électronique à chaque ravito… Une pluie fine, bref le coupe vent Quechua sur les épaules, le Buf en corsaire, dernières recommandation avec une crainte de l’orga, devoir dévier le parcours à cause des roches glissantes le long du ravin du Verdon…glaglagla…c est quoi ça ???
5H le départ
C’est parti, assez rapide sur les hauteurs d’Aiguines avec la Frontale puis on emprunte le Gr 99 qui nous conduira sur le plateau de Merges avec un premier tronçon de 10 kms et déjà un dénivellé + de 816 m assez condensé après 2 kms de montée raide…Ca calme ! , premières descentes aussi sur des pierres assez polies et rendues très glissantes bref déjà l’attention doit être à son max.
1er ravito, tout va bien, 1h30 d’avance sur le temps limite, pointé 76ème, bien mon Titi.
Le deuxième tronçon est bien plus long et nous conduira au sommet du Col d’ Illoire après avoir longé le Verdon… 1000 m de D+ autant en D- mais une D+ à nouveau condensée. Je m’arrête le long du Verdon pour prendre quelques clichés, magnifiques…une eau claire… il s’est arrêté de pleuvoir et l’organisation a maintenu le parcours…ouf, cela aurait été dommage de rater ce spectacle de grande classe qui nous fait oublier la dureté du parcours. Très peu roulant, on escalade des rochers, on tient une main courante de la main gauche, les batons de la droite, on évite de trop regarder le vide, bien que splendide… Je double quelques gars, me fait reprendre par d’autres, sympathise avec certains…Notamment un Cent bornard et un autre gars dont je ne connais pas encore à ce moment le prénom mais qui va jouer un grand rôle dans ma réussite de cet ultra.
Justement je suis derrière ce gars avant d’attaquer le gros du dénivelé du tronçon par des échelles et via ferrata et escalade. A la vue de ce tronçon il se met à vomir et à se sentir mal, au sommet de la via ferrata se trouve des gars de l’orga, je les préviens du malaise du concurrent et continue mon ascension.
Elle fait très très mal d’ailleurs. J’arrive au sommet avec le cent bornard qui m’avoue ne jamais avoir connu un tel dénivelé et sur le plateau on fait quelques bornes ensemble en se relayant. Soudain the big mouise… on est à peu près au 22-23 ème km, mon pied droit se prend un obstacle rocher ou racine je ne sais pas : résultat : vol plané et en retombant le genou gauche vrille en craquant. Belle douleur, mais je continue en espérant que cela va passer. D’un coup un nouveau mur devant nous : et là je vais avoir beaucoup de mal à monter m’arrêtant toutes les 2 mn…infernal…il est où ce putain de ravito…dire que l on n’est même pas à un tiers de la course… presque au sommet je vois mon frère qui m’encourage en me disant que quelques centaines de mêtres après le sommet j’y serai…La folie, l’enfer… un coup d’œil au genou, ca y est il enfle…j y crois pas…je ferai le point au ravito…
Arrivé à Illoire, je prends mon temps sur ce ravito, je compte 3h d’avance sur le temps limite…Assis mon frère me cherche coca + fruits secs… allez un coup de gerbe et ca repart…le troisième tronçon parait un peu plus calme et plus roulant avec seulement 500m de dénivelé et surtout de la descente… Je vais à la camionnette de l’orga demander le médecin pour qu’ il me soigne le genou…et là je vois un gars couché en train de se faire recoudre la tête…punaise je suis où là…
Allez go je repars on verra à l’issue de ce troisième tronçon… celui-ci passera comme une lettre à la poste, m’offrant le luxe de faire quelques kms supplémentaires…et oui la rubalise n’est pas trop présente, en plus de couleurs jaune noire, j’ ai raté sur ma gauche deux rubalises indiquant un chemin en descente…bref…3-4 kms de plus…en montée en plus…Heureusement que j’ai rencontré deux gars arrivant à ma rencontre ayant fait la même erreur que moi !
On arrive sur une portion de route bien roulante, je rejoins l’ami Jordan accompagné d’un acolyte qui abandonnera à ce ravito. Mon frère est fidèle au poste au ravito, lui dit que cela va beaucoup mieux, le genoux fait un peu mal mais c est supportable…
Par contre la course va se durcir sur les 2 prochaines étapes. Pour arriver à Mayreste il faut déjà monter ce mur devant nous…846 m dont env 700 sur 2 kms… la folie…le soleil répond malheureusement ou heureusement présent il est 14h30…déjà 9h30 de course de ouf… il fait chaud, et cette montée sera très dure….j’en fais une partie avec un Anglais qui me confie au bord des larmes qu’il abandonnera au prochain ravito…punaise l’hécatombe…je lui ai dit de monter step by step…en marquant quelques pauses et qu il se dise qu’after the rain the sun will be there…Punaise mais moi aussi je ne suis pas bien…à 3 kms du ravito et le début d’une descente très technique, je vois Cédric mon frère qui fera ce tronçon avec moi….Punaise les orages des derniers jours ont provoqué plein d’éboulis sur les chemins ce qui fait que l’on est obligé d’être sur ces appuis…tout le temps et dans quasi toutes les descentes depuis le début de la course et il en sera ainsi jusqu’à la fin…Rien à voir avec nos chemins Vosgiens……et là le genou morfle…je me replante déchirant mon bas de contention droit sur un rocher… Un truc de dingue… je repars…enfin un tronçon roulant….ca y est on est au 4ème ravito…5h30 d’avance…excellent. Jordan un kiné d’Antibes, celui là même qui ne se sentait pas bien avant la via Ferrata est là également. On choisira de partir ensemble et de rester ensemble jusqu’à Maline… Il connait le parcours l’avait reconnu le mois dernier. Sur cette course pour l’instant on s’était croisé puis re depassé… Maline prochain ravito permet aux concurrents de manger chaud, de la soupe, des pates, de se faire masser, de se faire soigner ampoules ou autres soucis de pied ainsi que pourquoi pas passer quelques heure de sommeil….bref l’étape de mi course.
On l’atteint après quelques montées mémorables et infinissables, des paysages de dingue…On arrive à Maline à 20h20 moi en gardant mon rythme Jordan en accélérant sur les derniers kms…
Entre temps nous avions rattrapé l’ami cent bornard accompagné d’un médecin qui n arrivait plus à mettre un pied devant l autre, totalement tétanisé…une course de dingue…du jamais vu !
Super massages, cela fait du bien, les pates ne passent pas, hauts le cœur, je me venge sur la soupe.
Perdu sur le plateau
On discute avec l’Orga, avec des concurrents qui décident de se reposer une heure ou deux, dont Jordan. Un couple repart je repartirai 10 mn après eux me disant que je devrais les rattraper sur le plateau de Merges. Le fait de repartir avant la nuit permet de bien gérer une descente dans les gorges assez délicate, et surtout je pense qu’il était important de ne pas trop rester sur place pour éviter que les jambes se tétanisent, Jordan ne repartira pas.
Passage d’un pont de singe magnifique avant la remontée sur le plateau … pas trop de soucis je rejoins le couple dans cette montée puis sur le plateau je les lâche mais là gros soucis, on est dans le maquis avec souvent des buissons qui obscurcissent l’horizon, me plante une première fois, en profite pour enfiler un coupe vent, retrouve le couple, les reperds, me paume complètement me retrouve en pleine nuit au bord d un ravin à 1500 m d’altitude…les renards jappent autour de moi…la lune est quasiment pleine et de couleur orangée…et je ne sais plus où je suis…les organisateurs nous confieront à l’arrivée que des randonneurs ont débaliser le parcours sur ce tronçon occasionnant pertes et abandons… En tout cas pas moi…je me place sur le point le plus haut…je savais que j’étais suivi 10-15 mn derrière par un autre concurrent… je vois la lueur de sa lampe frontale approcher, je donne un coup de sifflet, ca y est on se rejoint…à 2 on arrivera à retrouver le Gr et ne pas le perdre en prenant les décisions à 2….ca y est la descente sur le camping d’Aigle… on s’en est sorti….Mais punaise quelle aventure… Lui abandonnera Ko,blasé, lassé, mort il ne repartira pas…à Aigle on a rejoint les Thomas…le couple qui m avait lâché sur le plateau…qui a rencontré les mêmes soucis un peu plus loin… 72 kms, 4 heures 30 d’avance…3 h du mat… allez on va jusqu’au bout…
Direction…l’arrivée
On repart ensemble direction Bauduen et ses 17 kms mais un parcours plus roulant le long du lac. Dans le couple c’est Madame qui imprime un super rythme à tel point que l on reprend un à un des concurrents et on forme un petit peloton de 8 coureurs…L’aube pointe le bout de son nez…mais c est là qu’il fait le plus froid… à l’amorce d’un nouveau mur de 500 m de D+ je me détache du groupe et décide de finir au plus vite…je rencontre des gars qui s’étaient égaré sur le dernier tronçon, c’est-à-dire qu’ ils avaient déjà atteint le point de ravito que je cherchai à atteindre mais il ne trouvait plus le bon trajet jusqu’à l’arrivée…je continue, le jour est arrivé et j’arrive à Bauduen avec 7 heures d’avance sur le tps limite…là c est sur même en rampant je terminerai dans les temps. Là on me dit que je suis 56ème…punaise sur 140 au départ c’est inespéré, compte tenu des différents stades par lesquels je suis passé….Le soleil se met à chauffer, quelques fois brûlant, faut pas trainer..Allez Aiguines approche…encore 629 de d+ et 380 de d-…pas de soucis pour le balisage sur ce dernier tronçon, une petite hésitation en traversée de route, oui le balisage en face était en contre bas..je fais demi tour…remonte…punaise mais, mais mais c est le château d’Aiguines qui se dessine…je remonte au château, traverse son jardin…l’arche de l’arrivée…la folie…on m’annonce au micro…je franchis la ligne…tout de suite des membres de l’orga me prennent en charge me parlent pour voir si je ne suis pas à deux doigts d un malaise vagal…non tout va bien…incroyablement bien…une nana se propose de me prendre en photo…je m’isole un peu …réalise ce que je viens de faire…la folie…de la pure folie…
Un parcours infernal qui provoque nos limites, des organisateurs dévoués, un paysage fabuleux, un dénivelé de dingue car concentré, quelques fois un jeu de piste, mais punaise quelle aventure, une de ces aventures qui vous marque à vie…
Je téléphone à mon frère pour le prévenir de mon arrivée, il ne m attendait que pour les midis…là il est 9h22…
Je préviens Valie pour lui dire que c’est bon je suis arrivé au bout…je l’entends hyper contente en bout de fil.
Ca y est je suis qualifié pour l’UTMB 2010…Je n’ai à ce jour rien fait de plus dur que ce que j’ai effectué sur cette course.
Merci à ma p’tite femme et mes enfants de m’avoir permis de faire autant de sorties ces derniers mois, autant de compètes aussi…
Merci aussi à Françoise de nous être entrainés comme des fous depuis les cross hivernaux dans le dénivelé du Nord de l’Alsace par pluie vent neige boue, puis en alternant vélo. Tu es une sacrée championne et quelqu’un d’exceptionnel.
Et merci à tous pour vos encouragements, je ne suis pas une chochotte, mais ca fait du bien…surtout quand on est dans le dur à deux doigts d’abandonner.
Mail de l’organisateur :
Chers participantes et participants du VCC 2009, 100 et 35 km Tout d’abord je voulais vous remercier de nous avoir accorder votre confiance, vous avez toutes et tous accomplis un exploit sportif personnel. Vous avez été pendant ces 2 jours les grands acteurs d’une épreuve des plus difficiles aussi bien sur le plan technique que mental. L’équipe d’AERIA et moi même ne pouvons que vous féliciter de cette performance. Nous saluons aussi ce qui malheureusement n’ont pas pu aller au bout de ce long périple, ce n’est que partie remise. Nous sommes ouverts à toutes suggestions pour apporter des améliorations à cette épreuve. Il est vrai que nous avons subit quelques désagréments sur le débalisage sauvage, fait par quelques imbéciles, je m’en excuse pour eux. Par contre ceux qui osent dire que cela est un problème de budget, devraient d’abord savoir de quoi ils parlent, et puis si malheureusement ils ne savent pas lire une carte cela est grave. Certains d’entre vous qui ont eu quelques problèmes d’orientation n’ont pas hésiter à nous contacter et nous avons répondu présent, pourquoi les autres ne l’ont ils pas fait? Je pense qu’ils leurs manquaient le téléphone portable, même là ils ne savent pas lire le règlement, cela y était bien spécifié, je crois qu’ils se reconnaîtront ou plus tôt il se reconnaîtra, cette personne est de ma région et nous avons eu une discussion ensemble, mais là aussi je pense qu’il n’a pas compris le sens de mes paroles. Encore une fois n’hésitez pas à nous faire remonter vos suggestions. Merci et bonne continuation dans vos activités sportives. Très cordialement Jean GIACOSA